Je reviens d'un petit tour chez Atlas. J'y ai découvert une catégorie Alzheimer, les premiers textes déjà me font frémir.
Et si demain Mamouschka...?????
Rien que d'y penser, mon coeur devient une petite boule toute dure au fond de ma poitrine, au fond de ma gorge.
C'est horrible, ce que je vais dire, mais si c'est mon père, c'est moins grave. Parce que, justement, il y a Mamouschka, il y a le cocon qu'elle a tissé autour de lui, autour de nous.
Mais si c'était elle, si c'était elle qui repartait en arrière.
Aujourd'hui, j'ai la patience de reprendre le fil derrière Chérichéri, de ne pas soulever ses incohérences,
de juste ouvrir les bras lorsque l'étau se referme sur son crâne, lorsque le crabe ressert ses pinces.
Mais ma mère, ma Mamouschka, c'est autre chose.
A y réfléchir ce soir, je n'ai pas coupé le cordon, elle reste un pilier de ma vie, l'idée de la perdre physiquement ou moralement m'est insupportable.
Je sais vous aller me dire que l'on meurt tous un jour et j'ai envie de vous crier "oui mais pas ma mère!!!"
J'ai 30 ans, une vie que je choisis heureuse et l'idée de sa perte me terrorise comme si j'avais 5 ans.
Pourtant, j'en ai perdu des amis, j'en ai perdu des parents.
Chérichéri, lorsqu'il est au plus bas, invoque aussi cela pour que je le largue: je n'ai jamais vu mourir un grand amour.
Lui oui, si Elle n'était pas morte. Nous n'existerait pas. Il décrit si bien le vide, la douleur, la lumière qui disparait, l'hiver qui tombe.
Et je me dis, finalement, ma Mamouschka est aussi le grand amour de ma vie.
Qui me prendra dans ses bras en murmurant "ma fille", qui m'appellera 3 fois par semaine au moins pour écouter mes bêtises,
qui achètera encore des tomates bio pour moi parce que "c'est tellement mieux pour toi, en plus t'es toute palichonne ma fille".
Parfois, lorsque je parle bagnole je pense à mon grand-père et
d'un seul coup je me souviens qu'il n'est plus là, que je ne peux plus l'appeller au téléphone, que je ne peux plus passer à l'improviste et ça me sert le coeur.
Si Mamouschka devait perdre la tête comment le surmonterais-je? Car il ne faudra pas compter sur mon père, sans elle, il est déjà perdu aujourd'hui.
Comment ferais-je face à celle qu'elle n'a jamais été?
Ce soir, j'ai peur.
Je vis au jour le jour avec Chérichéri et son crabe mais c'est notre combat.
L'idée même de la perte de ma mère me fait hurler en silence. Je pleure sur quelque chose d'absurde, sur un évènement qui n'est pas.
Une envie idiote de l'appeller là, à 2h du matin, juste pour entendre sa voix, juste pour savoir qu'elle sera toujours là.
Une mère, me semble-t-il, reste (ou devrait rester) toute notre vie celle qui protège, qui écoute...le refuge contre les intempéries, même si l'on se sait assez grande pour les affronter.
Ta peur, ton angoisse et ton chagrin anticipé me semblent bien naturels, et renforcés de surcroît par l'épreuve d'aujourd'hui...
Difficile de touver les mots de vrai réconfort...juste l'envie de te tendre la main, de t'ouvrir les bras, de te serrer fort.
Je t'embrasse...
Rédigé par : Ombre | 09 juillet 2006 à 09:51
Beaucoup d'émotion à te lire car je ressens quelque chose de semblable avec ma propre mère. Moi, ce n'est pas le retour en arrière que je crains, mais les conséquences de ses multiples rhumatismes et maux physiques de toutes sortes, et sa fatigue quasi permanente depuis quelques années...
J'essaie de me dire que je fais ma vie, que je suis une grande fille, maintenant, que... Mais j'ai pafois si peur de perdre ce pilier que je sens de plus en plus fragile...
Avec toute ma sympathie,
Hélianne
Rédigé par : Hélianne | 09 juillet 2006 à 09:40