Derrière l'oreille droite,au creux du genou gauche, au pied du prunier?
Pudeur, pudique, timorée, coincée, exhibitionniste, complexée...
Pourquoi autant de termes pour définir ce rapport au corps propre à chacun?
Loulou trouve génial que je ne me cache pas pour me déshabiller, que je me promène en sous-vêtements dans la maison si j'en ai besoin, que je ne me planque pas dans la douche s'il entre dans la salle de bain.
Et pourtant tout cela reste du domaine de la sphère privée.
Il semblait atterré, qu'à plus de 30 ans, ma mamounette, mon père ou mon frère me voient les seins nus dans la maison familiale.
Ca ne me viendrait pas à l'idée cependant en présence de mon beau-frère ou d'un tiers.
Si je fais du monokini à la plage, je reste mortifiée lorsque je me fais surprendre par des personnes liées à mon travail.
Question de regard.
J'ai toujours considéré mon corps comme un véhicule, comme une carapace aux regards des autres.
Loulou me dit souvent qu'il n'est pas avec moi pour mon physique et pourtant il fait la tête s'il a l'impression que je m'habille plus pour les autres que pour lui.
Mon corps est finalement sans importance, je me vis essentiellement comme un regard.
Je guette, j'analyse, ces regards sur mon corps, cela ouvre ou pas l'accès à ma personne.
Les regards envieux, les regards agressifs, les regards sales se ferment instantanément la porte de ma vraie personnalité, ils se trouvent mis à distance immédiatement.
Je ne suis moi-même finalement qu'avec ceux qui réussissent à dépasser cette jolie image.
C'est à ce rapport au corps que je vois aujourd'hui qu'il faut que je donne un coup de pied au fond de la piscine.
Aujourd'hui, je l'engonce de gros pulls, de vestes longues et de pantalons.
Il y a 3 ans, même en pleine rupture sentimentale, je mettais en valeur mes jambes, ma poitrine, ma ligne.
Avec mes cheveux longs, on me dit plus féminine et pourtant, je ne me retrouve pas dans ce stéréotype.
Mes cheveux courts s'habillaient de décolletés et de mini-jupes.
Au même titre que je descends au fond de moi-même, condamnant les portes derrière moi, je dresse des barrières de laine, de collants opaques et de gros manteaux pour masquer ma fuite.
Je camoufle, j'emitouffle ce corps qui, seul, ne me donne plus le sentiment de me protéger.
Il me sert de baromètre pourtant encore. De baromètre amoureux.
Lorsque je sens que le regard de mon compagnon me mets mal à l'aise, me répugne, m'agace presque jusqu'à la colère, je sais alors que la relation est morte.
Avec le recul pour l'avoir vécu deux fois, je sais que l'homme en lui_même n'y est pour rien.
Son regard, sa tendresse, sa gourmandise exprimée provoque le rejet, je m'y perçois comme un "morceau de viande".
Leur reprochant de ne pas ME voir alors que justement je ne veux déjà plus me partager avec eux.
Je sais que ma relation actuelle prends fin mais cette fois, je me suis tellement fermée que j'ai du mal à envisager l'après.
A force de vivre au jour le jour, à force de naviguer d'une crise à l'autre, alternant tempête et mer d'(huile, cette relation me laisse vide.
L'impression floue d'avoir perdue à jamais la korrigane d'il y a 3 ans, d'avoir perdue le fil conducteur de ma vie.
Il va falloir me reconstruire sur les miettes, recrée cette confiance en soi perdue, ré-investir différement ce corps qui ne devrait pas être une barrière.
Vite, vite car j'étouffe dans ma carapace.
Histoire à écrire d'une renaissance...
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